Chapitre 1 – La monnaie

Création sociale de notre imaginaire collectif, la monnaie façonne le monde depuis les premières civilisations. Pourquoi ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment venons-nous en tant qu’individu à croire en ce mythe ? Dans ce chapitre, nous allons explorer les aspects de la monnaie.

Section n°1 – Qu’est-ce que la monnaie ?

Illusion collective qui permet de stocker et transférer son énergie à travers le temps.

10 000 ans d’histoire

La monnaie est un phénomène social mondial qui fascine, contrôle et façonne notre monde depuis son invention. La prospérité ou le déclin d’une civilisation en dépend, car elle régit tous les rapports économiques et sociaux de son peuple.

La monnaie prend de nombreuses formes dans l’histoire et reste en constante évolution en fonction des ressources et besoins de ses utilisateurs. Coquillages, roches géantes, cigarettes, or ou dette, la monnaie s’adapte avec son temps et règne en maître invisible sur l’Histoire de l’humanité.

La monnaie est intimement liée à la fondation de notre civilisation, c’est donc un sujet à prendre au sérieux.

Quel est le rôle de la monnaie ?

La monnaie est un outil de communication très sophistiqué :

Elle permet de communiquer entre le présent et le futur. Nous transformons notre temps et énergie dans un actif qui peut être réexploité dans le futur sans risque de dévaluation.

Elle permet de communiquer dans un langage commun universel. Sans se connaître, sans parler la même langue, deux inconnus peuvent échanger, commercer et s’entendre sur la valeur des choses.

Sa fonction dans notre monde est difficile à répliquer artificiellement. Aucun humain ou groupe d’humains ne peut créer une monnaie, c’est un phénomène social naturel qui doit émerger du marché et d’un consensus volontaire. Les prix sont des signaux, de l’information, qui aident la société à choisir comment les ressources seront allouées.

L’or comme monnaie est le choix de 4 000 ans de darwinisme monétaire qui repose sur 3 fonctions :

– Réserve de valeur
– Moyen d’échange
– Unité de compte

 Si l’or remplit le rôle de réserve de valeur par ses attributs chimiques, il lui manque certaines caractéristiques pour être utilisé quotidiennement. Dans un monde globalisé et numérique, l’or ne peut pas suivre et a besoin d’une entité centrale pour la rendre divisible et facilement échangeable (pièce frappée).

Ces défauts ont fait de l’or une réserve de valeur, mais pas une monnaie courante, au détriment des monnaies fiduciaire étatiques (fiat) facilement utilisables, mais constamment dévaluées par les entités qui les contrôlent (roi, banque centrale, empereur, dictateur).

En 2009, Satoshi introduit un nouveau participant dans le combat de la monnaie, une solution alternative : une monnaie numérique rare, divisible et transportable.
Bitcoin est né !

La monnaie a d’autres caractéristiques importantes, il faut donc se demander si notre monnaie est : transportable ? Fongible ? Programmable ? Accessible ?

Afin de répondre à ces critères, la monnaie évolue étape par étape :
– Pierre brute -> Pièce
– Billet -> Carte bancaire
– Blockchain -> Lightning Network

Section n°2 – Les monnaies fiduciaires

La valeur d’une monnaie fiduciaire (fiat) repose sur notre croyance dans les institutions qui la régulent ;
Pas de croyance, pas de valeur !

L’or a donc été la monnaie du monde depuis longtemps, et pourtant par ces manques de flexibilité, les états, empereurs ou politiciens ont imposé de fausses monnaies, des monnaies dites fiduciaires.

L’idée est simple, votre peuple utilise une monnaie. L’or, ça marche bien mais vous n’avez donc pas mainmise dessus. La solution est donc de prendre l’or en otage dans une banque, ceci grâce au monopole de la violence via le contracté social de la protection. Une fois l’or sous votre contrôle, vous proposez une monnaie au taux de change 1 à 1 avec votre tête dessus. Au fur-et-à mesure des années, vous avec donc mainmise sur le système monétaire et vous pouvez commencer doucement à dévaluer ces fausses monnaies de 0,5%, 1% ou 2% par an. Personne ne le remarque et vous faites ceci pour le bien-être de vos utilisateurs.

La valeur de vos billets se déprécie donc face au pouvoir d’achat. Les perdants sont ceux qui économisent en monnaie fiduciaire et vous pouvez continuer de financer sans taxer des projets via l’inflation. De plus, la dette redevient plus simple à payer car vous devez « moins » chaque année. A un moment donné, vous annoncez lorsque la parité or saute. Le peuple, bien trop habitué à la nouvelle monnaie, inéduqué financièrement et obéissant l’accepte.

Vous avez désormais mainmise complète sur la masse monétaire de la monnaie de votre nation. Vous pouvez donc imprimer pour un coup proche de 0 des quantités astronomiques d’argent.

Si vous le faites de manière sérieuse et progressive avec une croissance soutenue et une confiance de la population, vous pourrez continuer encore longtemps à dévaluer votre peuple petit à petit sans que personne ne dise rien. Si vous faites trop d’un coup, vous risquez de perdre le contrôle puis c’est l’hyperinflation.

Pour le dollar, c’est -98% en 100 ans. Pour l’euro, c’est -30% en 20 ans. Pour le livre sterling, c’est -99% depuis sa création.

Un jour, votre monnaie n’aura plus aucune quantité d’or dedans (un peu comme les pièces à la fin de l’Empire romain), ou alors simplement une valeur informatique qui ne sera plus réalisée au monde réel.

Spoiler alert : nous vivons actuellement un dans un monde où le dollar est en roue libre et l’or n’est plus la monnaie du monde. Nous avons atteint la fin d’un cycle de 100 ans et sommes au début d’un nouveau.

 

« Ceux qui n’apprennent pas de l’Histoire sont voués à répéter les mêmes erreurs. »

George Santayana

« La monnaie papier finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque ; c’est-à-dire zéro ! »

Voltaire

« Je ne crois pas que l’on retrouvera un jour une bonne monnaie tant qu’on ne la reprendra pas des mains du gouvernement.
Néanmoins, nous ne pouvons pas leurs arracher violemment, tout ce que l’on peut faire est d’introduire par une ingénieuse ruse quelque chose qu’ils ne peuvent pas arrêter. »

F.A. Hayek - 1984

 CBDC vs Liberté

L’instauration forcée d’une monnaie fiduciaire (Fiat) par le monopole de la violence est une solution politique aussi vieille que la civilisation. De tout temps, empereurs, rois, dictateurs ou régulateurs ont compris le pouvoir de l’impression monétaire et la dévaluation lente, mais constante d’une monnaie.

Une fois le peuple soumis à votre monnaie, vous pouvez manipuler la valeur des biens et services, contrôler l’usage, entreprendre des projets sans contrainte budgétaire, financer des guerres et maintenir votre emprise sur le système. Dettes, taxes, corruption et manipulation deviennent plus faciles.

Dans le monde numérique, les CBDC (Central Bank Digital Currency), les cryptomonnaies des banques centrales, continueront de remplir la fonction de la monnaie papier, mais sans papier. Avec des 0 et des 1, le contrôle de la monnaie pourra s’accélérer avec tous les avantages qu’offrent la surveillance du monde numérique, la flexibilité d’une monnaie programmable et la fin du cash.

Nous sommes dans un tournant important de l’Histoire et c’est à nous de choisir ce que l’on souhaite pour notre futur et celui de nos enfants. L’opportunité qu’offre Bitcoin de séparer la monnaie de l’État ne se représentera sûrement jamais. À nous de jouer.

Section n°3 – Hyperinflation

L’hyperinflation est un phénomène monétaire propre aux monnaies fiduciaires. Elle se caractérise par une perte complète de la confiance dans une monnaie et une augmentation drastique de l’inflation via l’impression monétaire des autorités. Ce phénomène est ancien et arrive régulièrement. Il est indispensable de l’étudier pour comprendre l’importance d’un système parallèle indépendant de toute institution.

 

– Phase 1 – La perte de confiance
Tout commence avec une perte de confiance engendrée par un événement déclencheur. Par exemple la fin d’une guerre, l’adoption de mesures sociales dispendieuses ou l’effondrement du prix d’une ressource.

– Phase 2 – L’effondrement de la monnaie
La monnaie s’effondre. Le gouvernement se trouve isolé et les sources de financement se tarissent. L’État se tourne vers l’impression monétaire pour se financer.

– Phase 3 – Le cercle vicieux de l’impression monétaire
Il faut de plus en plus de billets pour acheter des biens, ce qui crée une rareté de la monnaie papier. Ceci pousse à plus d’impressions de billets, créant encore plus d’inflation.

– Phase 4 – La dollarisation
Effondrement complet de la monnaie. Le pays crée une “nouvelle monnaie” ou utilise la monnaie d’un autre pays (dollarisation).

Allemagne, 1922-1923

Un des exemples les plus frappants d’hyperinflation s’est produit dans la République allemande de Weimar après la Première Guerre Mondiale.

L’Allemagne avait emprunté d’énormes quantités d’argent pour financer l’effort de guerre et non seulement l’Allemagne n’a pas gagné la guerre, mais elle a dû payer des milliards de dollars en réparations. Le mois avec le plus d’inflation fut octobre 1923, culminant à 29 500 % soit une inflation de 20,9 % par jour. Les prix doublaient chaque 3,7 jours !

On raconte que dans les restaurants, les serveurs devaient annoncer les prix du menu chaque 30 minutes pour tenir compte de l’inflation. La monnaie allemande est devenue tellement inutile que certains citoyens préféraient brûler leur monnaie-papier, plutôt que du bois, parce que c’était effectivement moins cher.

Hongrie, 1945-1946

Le pays ayant subi la pire période d’hyperinflation de l’histoire à ce jour est de loin la Hongrie après la Seconde Guerre Mondiale.

La Hongrie se retrouvait du côté des perdants du conflit et la guerre avait détruit l’essentiel de sa capacité de production industrielle. Le mois ayant connu l’inflation la plus forte fut celui de juillet 1946 avec une inflation des prix de 41 900 000 000 000 000 % équivalant à 207 % par jour. Les prix doublaient toutes les 15 heures !

Le dernier billet à avoir été mis en circulation est un billet de 100 millions de billions de pengo (100 000 000 000 000 000 000) en 1946.

Zimbabwe, 2007-2008

Jusqu’en l’an 2000 le Zimbabwe était auto-suffisant pour presque tous ses besoins
excepté le pétrole.

En 1997 le dollar zimbabwéen s’effondre de plus de 72 % après que le gouvernement ait consenti à indemniser les vétérans de la guerre d’indépendance pour une somme équivalente à 450 millions de dollars US. Comme le gouvernement n’avait pas une telle somme dans ses coffres, il a dû se résoudre à faire fonctionner la planche à billets. En 2005 l’inflation atteint 586 % et en mars 2007, l’inflation mensuelle atteint 50 %.

En juin 2007, le gouvernement réagit en instaurant un contrôle des prix. Les magasins sont littéralement « dévalisés ». Les commerçants n’ont maintenant plus les moyens de réapprovisionner leurs boutiques.

En avril 2009, le ministre des finances annonce la suspension du dollar du Zimbabwe et autorise l’usage de différentes devises étrangères pour le commerce. Tous les comptes bancaires, toutes les pensions, toutes les institutions financières ont vu leurs soldes s’évaporer du jour au lendemain.

Section n°4 – 21 millions de bitcoins

Bitcoin est une monnaie saine. Il y a un nombre fini et donc limité de bitcoins.

 

Combien y a-t-il de bitcoins en circulation ?

Pas de mystère dans Bitcoin, le code est transparent.

Nous savons exactement le nombre de bitcoins en circulation à tout moment. Nous pouvons également prévoir de façon précise la production hebdomadaire de bitcoins et la quantité en circulation qu’il y aura dans le futur.

Combien y a t il d’euros en circulation ?

21 millions

21 millions est la limite maximum des bitcoins créés, nous atteindrons cette limite en 2140. Une fois la limite atteinte, plus aucun bitcoin ne sera mis en circulation lors de la création de blocs.

À cause des bitcoins perdus, il n’y aura jamais vraiment 21M de bitcoins, mais un peu moins.

Bitcoin est une rareté absolue dans le royaume du numérique.
Un actif non falsifiable que l’on peut simplement déplacer, mais jamais copier-coller.

La Halving

Chaque 210 000 blocs, donc environ tous les 4 ans, une réduction par deux de la quantité de bitcoins émis par bloc a lieu.

Ceci réduit l’offre de nouveaux bitcoins arrivant sur le marché et ainsi réduit l’inflation monétaire du protocole Bitcoin.

Qu’est-ce qui garantit les 21 millions de bitcoins ?

La théorie du jeu :
Le consensus de la communauté

Dans Bitcoin, ce sont les utilisateurs qui détiennent le pouvoir. En faisant tourner son nœud, on peut participer aux règles du réseau et voter les changements potentiels futurs du réseau.

La nature décentralisée de bitcoin rend ce consensus possible, et ce à travers le monde malgré les différences de culture, religion, âge, sexe, etc.

Les mathématiques :
L’ajustement de la difficulté

Chaque 2 016 blocs (donc environ 2 semaines), le protocole Bitcoin ajuste la difficulté du minage afin de garantir une création de bloc toutes les 10 minutes.

Ainsi, peu importe si le nombre de mineurs vient à augmenter ou à baisser drastiquement, sur le long terme, la création de bitcoins maintient son niveau moyen de 1 bloc toutes les 10 minutes. Ceci assure que l’impression monétaire de Bitcoin reste stable dans le temps.

Une collection surprenante

Les hyperinflations sont aussi désastreuses que passionnantes. Elles méritent d’être étudiées avec attention.

@DavidStOnge nous a montré sa collection de billets hyperinflationistes sur la chaîne YouTube ! C’est juste bluffant et ça mérite le coup d’oeil.

Un peu de lecture

Pour commencer à coder sur Bitcoin, voici 3 livres de qualité. Certains sont même open source et traduits en français.

Tu peux les retrouver directement dans la librairie. (en plus, tu soutiens ce projet donc merci !)

 

 

Rogzy

Rogzy

Bitcoiner

Salut, je suis Rogzy le créateur de ce projet. Bitcoiner français qui a décidé d’offrir 2 ans de sa vie pour faire évoluer les mentalités françaises sur Bitcoin.

Découvrir Bitcoin est un chemin long et passionnant, j’espère pouvoir vous accompagner le plus loin possible.