Bienvenue dans la 4ème et dernière partie de mon reportage sur le Salvador ! Ici, nous allons visiter El Zonte et la plage de Bitcoin Beach. ⛱
Avant le départ, nous avons des interviews avec des membres du gouvernement et un entrepreneur local. C’est la fin de mon voyage et j’ai donc désormais les réponses aux questions que je me posais.

Ce n’est malheureusement pas les réponses que je souhaitais, mais tant pis. J’ai eu la chance de faire ce voyage et parler avec des personnes qui sont vraiment concernées par cette adoption forcée du bitcoin.

 

Alors c’est parti pour le jour 6 !

Si vous ne connaissez pas encore Jonathan Herscovici de StackinSat, vous devez savoir quelque chose : ce mec est un malade niveau réseaux. Il nous a trouvé non seulement l’interview avec Enersto du jour 4 mais pour aujourd’hui : un député de l’opposition, l’économiste le plus important du pays et un entrepreneur tech.

Yorick s’est chargé des politiciens et moi de l’entrepreneur dans 2 interviews super intéressantes. On vous monte tout ça et ce sera bientôt disponible. Je retiens encore une fois la même chose : « Bitcoin OK, Chivo non »

 

Je ne vais pas retourner dans les mêmes arguments, mais c’est unanime. Vol d’identité KYC, opacité sur les achats et la sécurité, manque de débats parlementaires, montée de l’autoritarisme, manque d’éducation.

Au lieu d’accentuer sur ces points, j’aimerai faire l’avocat du gouvernement et combattre mes craintes de la partie 2.

  • Le contexte du pays est particulier, c’est très corrompu : 300 000 membres de gang, 40 ans d’instabilité, la disparition de leur monnaie local en 2000, une guerre civile, une population très très pauvre, 7 millions d’expats pour 7 millions sur place.
  • Le président a obtenu légalement la présidence (+65% des votes) puis via un coup de pression un peu armé quand même, mais sans violence obtenue le parlement 62% des votes.

Ce que Bukele essaie de faire est d’une proportion extraordinaire : déplacer un pays vers l’hyper-bitcoinisation avant tout le monde, se dé-dolariser, aller contre les institutions bancaires et le tout dans un pays comme le sien, c’est un coup de génie.

Bitcoin va permettre de se financer (BTC bond + inflow of income) et se positionner sur la carte mondiale comme un pays différent. Ils peuvent devenir le Singapour ou le Dubaï de demain mais doivent réussir une transition. Il est en train (il semblerait) de nettoyer le pays de la criminalité, des anciennes familles (12 famille contrôlent le pays depuis 200 ans). Et donc du 1%.

Le faire en attendant l’accord de l’opposition qui vient de se faire entuber c’est impossible, utiliser une institution comme la banque centrale, c’est contraignant. Utiliser une nouvelle société, bouger rapidement, casser, le faire en douce puis l’annoncer avec du marketing, ça marche mieux. Pour réussir une transition comme celle qu’il souhaite, des compromis sont nécessaires et commencer par une base de données Internet à Chivo est une solution facile et peu coûteuse pour empocher 3 millions de personnes en 3 mois.
L’équipe de Chivo serait moins de 30 personnes. 30 personnes pour 3 millions c’est insane donc forcément ça ne marche pas. Certains points noirs ne sont pas justifiables à mes yeux mais d’autres si.

Bref, encore une fois je laisse le temps faire son œuvre.

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Alfredo Atanacio Cader

J’ai fini le boulot ! Je peux aller à la plage 😎

J’ai pris un super taxi et j’ai pas mal discuter avec lui. Il utilise Chivo et a bien voulu que je le paye en LN donc Blue Wallet -> Chivo. Je vous ai filmé le truc donc voici l’expert, c’est super intéressant de voir l’UX du Chivo.

Comme vous venez de la voir, ça a marché donc la personne a reçu automatiquement du dollar (dommage). Il utilise très souvent Chivo et sa famille aussi. Bon, si vous savez parler espagnol vous avez vu le gros ou plutôt ÉNORME point noir de la vidéo : j’ai déconnecté le portefeuille du monsieur et pour se reconnecter, il doit recevoir un code de Chivo.

Oui oui, pour se connecter à son portefeuille Chivo et donc avoir accès à son argent, c’est le gouvernement qui doit lui donner l’autorisation via Chivo. Franchement, en terme de dystopie monétaire, on ne peut pas faire plus.

Avocats du diable : La population ne sait absolument pas ce qu’elle fait et si elle n’est pas protégée, chaque personne pourrait se faire voler ses comptes.

San Salvador c’est fini ! L’adoption du bitcoin est bien plus moindre que ce que je pensais : aux alentours de 20% mais de nombreux commerces disent bientôt l’adopter. Le temps fera son affaire.

Arrivé à mon hôtel, je me prends une petite bière et décide d’aller sur la plage, piscine naturelle avec l’eau à 30°c, que du bonheur. En plus, le propriétaire utilise le portefeuille Bitcoin Beach de Galoy. Il connaît bien Bitcoin et la différence BTC/LN, savait qu’on devait attendre une transaction et a même proposé des améliorations à l’UX du wallet. Si ça ce n’est pas beau.

 

Jour 7 – Dernier jour : Bitcoin Beach

Je m’attends à une adoption de masse : j’espère que 80% des commerces acceptent Bitcoin. Est-ce vrai ?

J’ai commencé par me rendre sur le site. J’étais sur un petit village à côté alors j’ai pris le le bus comme tout bon local. J’en ai même profité pour interviewer une jeune écolière afin de lui demander si elle utilisait Bitcoin.

« Dans l’école nous utilisons le Chivo Wallet, je rembourse mes amies avec ».

De l’autre côté de la rue, j’achète une bouteille d’eau à une vendeuse ambulante qui n’accepte pas Bitcoin :

«  Nous n’avons pas Internet puis il faudrait consacrer un téléphone toute la journée pour ça, c’est trop compliqué. Le cash c’est facile ».

Ça tourne en rond cette histoire : Internet, cash, Chivo.
Le bus local n’accepte pas Bitcoin non plus.

Une fois sur la plage de El Zonte, je décide d’interviewer un policier qui utilise Bitcoin :

« Je ne prends pas encore mon salaire en BTC (Chivo) mais ça viendra. Je pense que c’est une bonne chose, que tout le monde puisse l’utiliser ou non. Entre nous, je l’obligerais à tout le monde, c’est super pratique et on aura moins de vols ».

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Intéressant !

Une fois sur la plage, le restaurant de mon petit déjeuner, malheureusement, n’accepte pas Bitcoin car ils n’ont pas Internet. Comme quoi, la solution de la partie 3 n’est pas inutile.

Je continue ma petite visite et décide d’acheter un chapeau. Paiement en LN possible via Bitcoin Beach wallet ! Ça devrait être facile !

Sauf que non ahah. Je n’ai pas réussi, peu importe le wallet… Je ne comprends pas et donc je paye en cash. Je suis super frustré… Comment est-ce possible ? Qu’est-ce que j’ai loupé ? Je suis quand même pas assez con pour ne pas savoir scanner un QR code ?
Et bah si. En fait, le portefeuille de Bitcoin Beach est construit d’une manière un peu spéciale :
Bitcoin Beach, ça fonctionne super bien mais pour utiliser un autre portefeuille et payer un marchand, il faut scanner via un QR code normal ! Pas BTC ou LN. Ça ouvre une page web et là, l’envoi est créé. Un peu comme un LNURL mais fait maison. Une fois l’envoi payé, c’est crédité.
Voici une vidéo qui compile les expériences (feat Vitcor de LN Market).

Comme tous les BIP nécessaires ne sont pas encore intégrés, ce n’est pas hyper intuitif pour nous, bitcoiners, mais pour les locaux c’est super simple car tout est sur l’application. Comme quoi, Bitcoin n’est pas si simple ! Et le premier super hyper doctor qui dit ça, c’est qu’il ne comprend pas Bitcoin.

Le reste de Bitcoin Beach est ouf : du bitcoin à perte de vue, des marchands qui l’acceptent et de superbes discussions avec un paysage monstrueux.

J’ai payé en strike, j’ai également payé un mec qui avait Muu Wallet, 0 souci, ça a fonctionné parfaitement..

Bref comme toujours, Bitcoin et les wallets c’est le BORDEL ! Je suis déjà assez impressionné qu’autant de wallets LN réussissent à communiquer entre eux. Je suis également très content de Blue Wallet qui fait le travail (contrairement à mon nœud).

Et les locaux de Bitcoin Beach, ils en pensent quoi ?

Je me suis incrusté dans une gîte de surfeurs pour boire une bière tranquille loin des bitcoiners et finalement j’ai parlé avec le gérant. Je trouvais ça intéressant d’avoir l’avis un local et en effet, les highlights sont très importants :

«  Les prix à El Zonte ont fait x3 puis x5 en 2 ans. La première vague fut l’arrivée d’Internet il y a 3 ans, puis la route et maintenant Bitcoin Beach. On ne peut plus surfer comme avant, c’est devenu trop cher. C’est la fin d’une époque… Ça construit de partout et on va devoir changer de spot. Ça fait 35 ans que je suis ici tous les ans pour être tranquille. Bukele va vite et fait peur, ce Chivo bullshit aussi mais peu importe, c’est déjà trop tard pour nous ici. Cette maison se vend proche du million de dollars, c’est absolument insane, pour un business tu pourras jamais la rentabiliser avant 10 ans… J’aurais dû acheter mais là c’est plus possible. J’espère juste que les locaux qui sont derrière la route gagneront dans l’histoire »

Un truc qui m’a vraiment laissé sur le cul, c’est ce tweet :

Il fallait que j’essaye. Pas de bol, mon Blue Wallet n’a jamais réussi à payer l’envoi de l’open node de Tigo mais en utilisant le portefeuille Pheonix de Victor (LN Market), ça a fonctionné donc c’est cool.

En gros, simplement, sans ID sans rien, sans banque j’ai réussi à payer en LN un abonnement Internet. C’est absolument fou et ça me rend super optimiste pour le futur. C’est vers ça que le monde se tourne est c’est génial. La France a un retard monstre sur le sujet mais payer mes factures instantanément sans ID pour avoir accès au monde, c’est super important.
Imaginons que j’aurai eu besoin de recharger sans Bitcoin ? Ça veut dire trouver une boutique où je peux utiliser du cash pour rechercher. On parle de plusieurs kilomètres, trouver un ATM et attendre en plus du déplacement. Là, c’était instantané à distance. C’est beau quand ça marche.

L’adoption du Bitcoin (le vrai) ici est incroyable. Les gens sont éduqués, comprennent et utilisent 4-5 wallets différents tous ensemble. Chose rigolote : ils évitent tous d’utiliser Chivo car ça bug trop.
BTC 1 – Gouvernement 0 !

Pour finir ce blog, je dois vous raconter une aventure incroyable qu’on a vécu avec Seb ahah. Je suis, disons un petit aventurier donc je n’ai pas prévu de taxi. Long story short, on a fini à 1h du matin dans les rues à chercher un taxi et c’était un peu mission improbable. J’ai fini par trouver un mec cool et surprise : il développe son propre wallet crypto ! Rencontre incroyable.

Ce mec, non seulement, critiquait le Chivo Wallet mais aussi celui de Nicolas de Bitcoin Beach car ce n’était pas assez non-custodial ! Évidemment, c’était plein de shitcoins on wallet et pas de bol, le test paiement à la fin n’a pas marché donc j’ai payé avec Muu Wallet.

 

L’adoption réelle du vrai Bitcoin au Salvador ne peut plus s’arrêter. Trop de gens vont travailler, éduquer et développer des solutions pour les locaux car face à la tyrannie, Bitcoin ne peux pas être arrêté. Chivo ou pas, c’est Bitcoin qui gagnera.

Je vais finir le blog ici. J’ai la mauvaise habitude de trop écrire et après c’est Rachel qui doit tout corriger 😋

Le Salvador a été une aventure incroyable et avant tout humaine. Si vous avez vu ma vidéo de retour à chaud, j’ai l’air un peu déçu et en effet l’adoption du Bitcoin sur place est loin, très loin, de ce que les médias vous racontent… Ce voyage était donc indispensable pour clarifier un peu la situation. En vérité, l’adoption du bitcoin est compliquée et va prendre énormément de temps. Heureusement pour nous, le temps est de notre côté.

Un immense merci aux gens qui m’ont accompagné durant ce voyage : Seb, Jonathan, Joss, Trigger, Yorick, Victor, Antoine et beaucoup d’autres.

Je vous prépare un petit vlog de 45 min sur l’expérience là-bas et puis on clôture ici l’aventure. Je n’ai pas parlé des Bitcoin Bons et du volcan minage car il est trop tôt pour décider. Je suis un peu sceptique sur une adoption du peuple du vrai Bitcoin.


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